Les Gypaètes barbus sur le Vercors
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La réintroduction de Gypaètes barbus
Toujours rare, l'espèce est classée « menacée de disparition » en France et en Europe. Dans le cadre du Life Gypconnect (2015-2022), le projet est de restaurer un noyau de population du Gypaète barbu entre les Alpes et les Pyrénées permettant la sauvegarde de l'espèce. Il a permis d’organiser des lâchers en alternance dans le Vercors et dans les Baronnies provençales en lien avec l’association Vautours en Baronnies jusqu’en 2021. L’ensemble des partenaires du Life Gyconnect a proposé un nouveau projet, le Life Gypact, à la Commission européenne qui le valide pour la période 2022-2028. En plus du financement des lâchers qui vise l'augmentation du nombre de couples reproducteurs, le Life Gypact permettra de mettre en œuvre des actions de lutte contre les menaces qui pèsent sur eux (infrastructures énergétiques, réseaux électriques, éoliens ; intoxications, empoisonnements, braconnage), des actions de sensibilisation…
Les oiseaux qui sont libérés en milieu naturel sont issus de centres d’élevage et de zoos habilités mais chaque année, ce n’est qu’une douzaine de jeunes Gypaètes (libérés à l’âge de 3 mois) qui sont ainsi introduits dans des falaises de l’ensemble des pays de l’arc alpin et sur le massif central.
Dépassant les enjeux naturalistes, ce programme est porteur de sens pour le territoire, ses habitants et ses élus. En témoigne l'investissement de l'association des Graines d'éleveurs du Vercors. Une trentaine de « Graines d’Éleveurs », enfants d’agriculteurs du Vercors, se sont enthousiasmés à l’idée de parrainer le lâcher de jeunes Gypaètes barbus. À partir de 2017, ils ont tous mis en œuvre pour recueillir les fonds nécessaires. Résultat, en 2020, ils ont pu procéder à leur propre lâcher !
Un second couple reproducteur dans le Vercors
Depuis 2022, deux couples de Gypaètes barbus se reproduisent dans le massif du Vercors. Issu du couple constitué du mâle Stephan réintroduit en 2010 dans le Vercors, et de la femelle Gerlinde, également libérée dans le Vercors en 2013, un poussin né en nature nommé Ambane a pris son envol en 2022. Il s’agissait d’un événement puisque l’espèce ne s’était plus reproduite dans le massif depuis au moins 140 ans, le dernier témoignage de la présence ancienne d’un Gypaète barbu remontant à 1879.
L’année suivante, ce couple ne s’est pas reproduit et en 2024, il n’a pas su reproduire l’exploit de 2022 : leur jeune est mort après quelques semaines passées au nid.
En 2023, un deuxième couple - constitué de Pamela et d’un mâle inconnu surnommé Mitch - a permis l’envol d’un poussin nommé Vercors Nature, du nom de l’association marraine*. La femelle, Pamela, est issue de la réintroduction en 2019 dans les Baronnies provençales dans le cadre du Life Gypconnect. Elle est donc dans sa cinquième année, ce qui est particulièrement précoce pour l’espèce ! Et pour la seconde fois, en 2024, un jeune s’est envolé, baptisé Croze (du nom d’un lieu-dit à proximité).
*L’association Vercors Nature, créée en 1969, a participé activement à la création du Parc naturel régional du Vercors, puis à celle de la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors.
Printemps 2024, dixième réintroduction dans le massif du Vercors
Le programme de réintroduction ayant débuté en 2010, c’est donc la dixième année de libération sur le site, et 21 oiseaux qui ont ainsi été libérés.
Deux gypaètons, issus du centre d’élevage de Guadalentin (Cazorla, Espagne), ont été libérés en 2024 sur le site de Tussac dans le massif du Vercors. Les deux oiseaux libérés au mois de mai 2024 ont été nommés Fuego et Boréale.
Bon vent à eux.
Comptage des Gypaètes barbus "International Observation Day" (IOD)
Une prospection de Gypaètes barbus d’ampleur internationale s'est déroulé le samedi 14 octobre 2023 depuis le Mercantour jusqu’aux Alpes orientales autrichiennes mais également dans le massif central.
Le Parc naturel régional du Vercors s'est occupé de l'organisation sur son territoire. 34 observateurs ont occupé 17 postes, définis sur les sites les plus propices à l'observation des Gypaètes, depuis le sud-ouest du Vercors (Font d'Urle), jusqu'à Lus-la-Croix-Haute à l'Est, et du Diois au Sud, jusqu'au pic Saint-Michel (Lans-en-Vercors) au Nord.
Les conditions météorologiques n'ont pas été optimales (comme pour le reste des Alpes) : nuages, et petites pluies intermittentes. Très peu d'oiseaux, quelques soit les espèces, ont été observés en vol. Néanmoins, quelques observations ont été réalisées : le couple reproducteur d'Archiane, constitué de Pamela (relâchée dans les Baronnies provençales en 2019) et le mâle (d’origine inconnu), ont été observés toute la journée sur le site en compagnie d'une cinquantaine de Vautours fauves. De l'autre côté de la montagne de Glandasse, plus à l'ouest, un des individus du deuxième couple reproducteur a été observé, sans certitude sur son identité (Stephan ou Gerlinde). Et à Lus-la-Croix-Haute, un jeune Gypaète a été aperçu entre deux nuages. On suppose qu'il s'agit de Riglos, relâché dans les Baronnies provençales en 2022, puisque les données GPS indiquent sa présence dans le secteur ce jour-là.
En parallèle du comptage, une animation sur le site d'Archiane, encadrée par deux agents du Parc du Vercors, a permis à 22 personnes de découvrir le contexte d'un comptage et les Gypaètes présents sur le site.
Nous remercions très chaleureusement l'ensemble des participants frigorifiés qui ont bravé le mauvais temps !
2022, l'envol d'Ambane, le premier Gypaète barbu vertacomicorien !
Depuis le début de l'hiver 2022, un couple s'était installé dans la partie sud du Vercors côté sud du Dôme de Glandasse sur la commune de Laval-d'Aix au sein de la Réserve naturelle nationale des Hauts-Plateaux du Vercors. Ce couple est composé de Gerlinde, lâchée en 2013 dans le Vercors et de Stéphan, lâché lui aussi dans le Vercors en 2010 !
Il s'est accouplé à de nombreuses reprises, a transporté des branches laissant envisager une nidification puis son comportement - avec la présence permanente des deux adultes dans le nid se relayant dans une position de "l'oiseau qui couve" et le comportement territorial très marqué - cochait toutes les cases de l'évidence d’une ponte. Ce n'est que le 23 mai 2022 qu'un garde de la Réserve naturelle a pu observer l'oisillon pour la première fois. Les bénévoles actifs à ses côtés le nommèrent Ambane !
Le chemin entre la ponte et l'envol - qui dure 6 mois - est semé d'embûches et effectivement l'environnement proche d'Ambane a du supporter un incendie et son lot de canadairs, la canicule, des cas de grippe aviaire et les activités sportives humaines tout près... Son envol était évalué autour du 25 juillet, mais Ambane a pris son temps, c'est le mardi 2 août à 10h39 qu'il est parti du nid.
Il a été surveillé tant que cela fut possible, soit jusqu'au 21 septembre 2022 où il a du s'envoler vers d'autres territoires. Il lui reviendra de surmonter les prochains dangers, les menaces principales étant les lignes électriques, l'ingestion d'aliments contenant du plomb ou autre type d'empoisonnement, le dérangement humain... Bon vent à Ambane !
Aidez-nous à protéger le Gypaète barbu
Merci de respecter les zones de sensibilité majeures (ZSM) définie en concertation avec les pratiquants d’activités de pleine nature. Tout dérangement peut provoquer l’échec de ces reproductions et l’abandon définitif du territoire !
Entre la ponte et l'envol du jeune, la période est particulièrement délicate : tout dérangement peut provoquer l’échec de d'une reproduction. Ainsi pour nous accompagner dans la protection de cette espèce, merci à tous les parapentistes de bien vouloir éviter de survoler les périmètres délimités ; merci à tous les randonneurs de vous faire le plus discret possible sur votre itinéraire.