Une oeuvre architecturale unique
Le Mémorial, situé à mi-hauteur entre le camp de maquisard n°6 et le village de Vassieux-en-Vercors, est dissimulé symboliquement dans la montagne, à l'image des hommes et des femmes qui se sont réfugiés dans la clandestinité. C'est une véritable oeuvre d'art contemporain.
A l'extérieur du bâtiment, un parcours de visite sur l'architecture jalonne l'escalier menant à l'accueil du Mémorial.
©Paladrone
Le choix du site : une implantation stratégique
Le choix du lieu d'implantation du Mémorial a fait l'objet de vifs débats. Finalement, c'est en contrebas du col de la Chau, à 1300m d'altitude, que l'emplacement fut choisi.
Cette implantation en hauteur, au coeur du Parc naturel régional du Vercors, est un choix stratégique : le Mémorial offre une perspective panoramique sur le village de Vassieux-en-Vercors, détruit en été 1944, et sur une grande partie du massif, théâtre de violents combats. Il est le symbole d'un espace de clandestinité ainsi qu'un lieu où le "guetteur" se sent protégé.
En outre, il se situe à mi-chemin entre le village de Vassieux et le 6ème camp de maquisards fondé sur le massif du Vercors, le C6.
Le triomphe du minimalisme
"Ce sera une merveilleuse fin d'après-midi d'un dimanche d'hiver. Toutes les données sont claires, la vision du site, l'implantation à l'ubac, la passerelle au dessus du GR, le parcours muséographique qui se pose sur l'ondulation des courbes de niveau jusqu'au porte-à-faux immense du belvédère au dessus de Vassieux. Bâtiment qui se terre et capte la lumière par de longs lanterneaux qui déterminent la structure, les poutres à grande portée, la double hauteur des salles, répondent scrupuleusement au programme".
Groupe 6, février 1993.
Les architectes de l'agence Groupe 6, Olivier Félix-Faure, Jean-Marc Pigeon, Sonia Doucerain, Françoise Ferley, remportent le concours d'architecture lancé le 18 décembre 1992. Ils refusent toute idée de monumentalité. Dès sa première visite sur le site, Olivier Félix-Faure inscrit dans son carnet les mots suivants : "Ceci n'est pas un monument".
Cette réflexion est en complète opposition avec les propositions des autres participants au concours. Elle va être poussée à son extrême pour que triomphe le caractère minimaliste et anti-monumental de l'édifice, au point qu'il fasse corps avec le paysage. La forme courbe respecte les courbes de niveau, la couleur grise du béton évoque le calcaire constituant le Vercors, les toitures végétalisées... le Mémorial se fond dans le paysage.
Seuls éléments verticaux de l'architecture, les "veilleurs" qui, dressés sur le toit du Mémorial, veillent sur la mémoire des résistants.
©Paladrone
©Groupe 6
Le concours
Le concours d'architecture est lancé le 18 décembre 1992.
Cinq dossiers sont sélectionnés : trois équipes parisiennes et deux équipes locales.
- Le cabinet C Parents (Paris)
- L'équipe Fabre et Speller Architectes (Paris, Clermont-Ferrand)
- L'atelier Kneuzé, Gauvin, Quoniam (Paris)
- L'équipe Chapuis et Royer architecte (Grenoble)
- L'agence Groupe 6 (Grenoble)
C'est l'agence Groupe 6 qui remporte le concours.
Le chantier : un défi technique
Après l'obtention du concours, les études s'enchaînent rapidement. Mais les premières difficultés apparaissent entre les architectes, Groupe 6, et l'entreprise responsable de la muséographie, Apprendre à voir. Les uns souhaitent rester dans la sobriété, les autres préfèrent privilégier la grandiloquence.
Des problèmes de financement voient également le jour et obligent à une réduction drastique des coûts.
La mauvaise qualité du terrain et un sol hétérogène engendrent des surcoûts et retardent considérablement le chantier.
Les travaux ne commencent qu'en octobre 1993. Le climat hivernal met la construction à rude épreuve : le chantier est enseveli sous la neige à deux reprises et le froid rend la coulée du béton difficile.
Malgré tout, l'ouvrage sera réalisé en 9 mois.